Rastignac
La fougue intérieure
 
 

Rastignac raconté...


Laissez-vous envoûter par l'histoire de Rastignac racontée sous forme de podcast.

 «Mes portraits s'inspirent de la psychologie des personnages» 

Rachel Convers, designer ibride
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Rastignac


On ne perçoit qu'un œil de Rastignac, et pourtant de cet unique on retrouve l'intensité des deux.  Autour d'un jeu de regards, un lien s'installe entre Rastignac et son observateur, un effet miroir troublant. 

Eugène de Rastignac, personnage d’Honoré de Balzac, est présent dans plus de 27 romans de La Comédie humaine. De souche paysanne il va tout faire pour intégrer la société mondaine, adoptant les bonnes manières et l'art de vivre de ces gens-là. 

Rastignac ne se plie pas aux règles sociales, il respire la fougue, associée ici à l'allure d'un cheval. À travers lui on perçoit la jeunesse saupoudrée d'insolence et de désinvolture.

Crin hérissé, épaule droite avancée, oreilles plaquées, c'est dans une position d'alerte, de retenue mais également d'invitation que Rastignac dévoile son intensité. En mouvement, il ne se livre qu'à moindre dose, renferme un jardin secret. Fonceur, il arrive toujours à ses fins, cet aspect belliqueux se décèle dans ses cornes. 

Rachel Convers décrit avant tout son travail comme la manifestation d'aspiration et de valeurs personnelles.

«Il y a glissé partout dans mon travail ce qui me touche profondément telles que les questions du rapport entre homme et animal, celle du genre ou encore de la place de la femme dans la société»

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Dans les portraits collectors si Chatterton nous apaise et inspire la confiance, Rastignac lui ne peut être canalisé. Mais dans sa mélodie rythmée d'attributs masculins, de nombreux contretemps féminins interviennent, comme si la question du genre se posait.  

Résultat d’un complexe jeu de lumières, lorsque l’on scrute Rastignac, on entrevoit chaque poil de son museau, ses cils alezan ou encore la lumière dans ses cornes. Une multitude de détails qui, associés à la blondeur de ses crins décoiffés, accentuent la part de féminité qu’il porte. 

«Je veux que les animaux retrouvent la dignité qu'ils méritent» 

Le travail de Rachel Convers porte l’idée que l’animal a longtemps été diminué par l’Homme et qu’il faut lui réattriuer sa grandeur. L’humanité que l’on retrouve dans Rastignac est le fruit d’une pensée côtoyant l’antispécisme.

Passionnée du XIXe siècle et de la littérature romantique, Rachel Convers a mené un véritable travail de recherches pour créer Rastignac. Elle est allée à la rencontre d’un historien contemporanéiste afin d’être aiguillée sur les tenues et les valeurs de l’époque pour nourrir l’aspect psychologique et l'atmosphère qui entourent Rastignac.  

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 Et si ce dernier réussit à être tendance sans trahir les codes vestimentaires de son époque c’est en partie grâce à sa veste qui n’est autre qu’une pièce de la garde robe de Rachel Convers. 

Avec la volonté de rester proche de la réalité et d’éviter l’anachronisme, Rachel Convers élabore l’aspect éternel de ses portraits. Et c’est dans ce souci d’intemporalité et de respect de l'animal qu’elle consacre des mois à concevoir ses œuvres. Initialement, les Dandys traduisent de manière subtile la présence des livres dans leur dos : ces grandes figures littéraires ont, dans un premier temps, été des bibliothèques. Aujourd'hui en portraits muraux collector signés et numérotés, ils portent en eux une littérature romantique puissante, tourmentée et exacerbée.

Le diable se cache dans les détails dit-on. Adopter Rastignac c'est dénicher de nouvelles particularités à chaque regard posé sur lui.

Salomé Laurent

La Ruche